Rochers de Saint-Jacques

23 mai 2015

Récit de la sortie par Marie Chièze

SURSUM CORDA

Sortie n°8

Samedi 23 mai 2015

Vagabondage dans les préalpes fribourgeoises

Samedi 23 mai au matin, on se retrouve, avec quelques minutes de retard, à la gare de Fribourg, puis à Bulle. A 7h45, le groupe est au complet : Le Père Joseph Gay, François-Xavier, Grégoire, Solène, Alexis, Damien, Anne-Catherine, Marie. On monte dans les voitures et nous voilà partis pour Grandvillard, plus précisément, à Gros Pas, altitude 1077m , lieu de départ de notre randonnée.

Malgré les quelques jours de pluie qui ont précédés, et les prévisions douteuses annoncées, le temps semble clément. Quelques nuages en altitude sont visibles. Il a reneigé assez bas, jusque 1700m d’altitude environ, ces derniers jours.  Le Vanil noir, sommet prévu pour ce jour, à 2388m, ne paraît pas en condition. Nous décidons donc de faire le tour des 3 Vanils, en passant par le col de Cray, 1973m.

Petite prière de départ, avec proposition de méditation sur l’évangile du jour par le Père Joseph, et nous voilà partis, la première heure en silence selon notre tradition.

On monte doucement parmi les prés verdoyants et fleuris, au milieu de narcisses, avec un soleil intermittent. Le paysage est magnifique, selon les moments, on admire soit la vallée de la Gruyère, avec le Moléson qui domine au loin, soit les Vanils, imposants par leur abord abrupt et leurs crêtes enneigées.

Au bout d’une heure de montée, bien transpirants, nous atteignons le sommet d’un alpage (1560m) : de la crête, la vue est magnifique, à cheval entre les deux mondes. Seulement, nous nous apercevons que nous n’avons couvert qu’à peu près le quart voire moins de la distance prévue…Changement de programme : on va rester dans la vallée des Vanils côté Gruyère, et revenir par la cabane de Bounavaux.

Alors c’est parti, on commence par redescendre au pied de la falaise des Vanils (1340m), puis on remonte vers leur base. Arrivés au chalet Les Tsavas, (1557m), un chouette sommet nous fait signe : les rochers de Saint Jacques, altitude 1901m., dominant d’une part la Gruyère et d’autre part vue imprenable sur les Vanils garantie. Il est 11h, on calcule qu’on arrivera en haut pour la pause déjeuner ! perfect timing !

La montée est rude et raide, la neige est au rendez-vous. Mais pas après pas, on se rapproche du sommet…jusqu’à l’arrivée bien méritée et tant attendue ! On n’aura pas volé notre pic-nic ! Le sommet est en fait une crête effilée avec falaise abrupte sur 300m côté gruyère : gare où on s’assied ! Le temps est frais : du vent, le soleil joue à cache-cache. Mais quand celui-ci daigne nous montrer le bout de son nez, quel moment agréable ! Le panorama est splendide : le Vanil de l’écrin juste en face, un peu à droite la pointe de paray. Le Vanil noir se cache par moment dans les nuages, plus à gauche, un peu plus loin. Le Vanil carré, à droite et au loin nous fait signe. Nous sommes comme enveloppés par le regard des Vanils, qui nous entourent de leur présence immobile et silencieuse. La neige scintille au soleil, la crête qui relie les Vanils nous nargue, un beau défi pour une prochaine sortie !

Au bout d’une demi-heure, la fraicheur se fait sentir : on se prépare à repartir. Photos, photos, et on se bouge. Au programme : descente sur névé, glissades et rigolades ! Fx en mode Gandalf : « Fuyez, pauvres fous !;-) » nous fait la grâce d’un spectacle très réussi.

Arrivés au fond de la vallée, au chalet de Petsernetse (1697m), on croise un troupeau de chamois qui s’enfuit à notre arrivée. Une seule échappatoire : une falaise que tous montent en deux-deux, comme un terrain à plat ! On est estomaqué !

Ensuite, on remonte vers un autre col (on se reprend 170 m de dénivelé +, après manger, ça ne pardonne pas !). Initialement, on essaie de traverser la pente pour éviter de trop remonter, mais le terrain s’avère glissant et peu stable. Alors on choisit l’option dure mais sécure : on monte jusqu’au col (1870m) et on redescend par l’autre côte, à nouveau sur un névé ! C’est reparti pour le ski sur chaussures !

Enfin, en bas de la pente, nous attend la cabane de Bounavaux (1620m), itinéraire officiel pour le Vanil noir, situé au milieu de la réserve naturelle. Des chamois sont au rendez-vous, non loin de la cabane, au pied du Vanil noir, qui nous domine et s’impose à nous. Le mauvais temps a retardé l’ouverture officielle de la cabane, mais coup de chance, le CAS de la Gruyère accueille ses nouveaux membres, il y a donc du monde ! On nous accueille bras ouvert malgré le peu d’infrastructure disponible : thé et café bien chauds ! ça fait plaisir ! Par ailleurs, les discussions avec les membres du CAS s’avèrent chaleureuses et fructueuses : le Vanil noir sera bientôt en condition, et il peut même se faire l’hiver avec piolet crampons. De quoi nous donner envie et des idées pour les prochaines courses, été comme hiver !

Après s’être réchauffés et restaurés, nous repartons : la descente jusqu’à la voiture nous attend : facile mais il reste quand même une certaine distance. Le chemin puis la route, de progression plus simple, permettent des discussions profondes et réfléchies! La montagne nous révèle ainsi une autre de ses facettes : l’effort, le dépassement physique permettent certes de se dépenser, de faire du sport, donc maintenir un équilibre du corps ; mais ils offrent également un dépassement de soi sur un autre plan, plus intérieur, de l’ordre de la progression spirituelle. En effet, l’effort, en quelque sorte, décape notre esprit et ramène à l’essentiel : les subterfuges ne marchent pas, on découvre nos propres faiblesses et limites et celles des autres. La charité, dans l’accueil de soi et des autres s’apprend même à la montagne : élévation de l’âme garantie !

Enfin, retour aux voitures à 16h. Au final, malgré le fait de n’avoir pas fait le sommet initialement prévu, la journée n’a pas été perdue : on a crapahuté tout autour de la vallée des Vanils côté Gruyères, passé 3 cols, fait 1400m de dénivelé +, marché 7 heures. De quoi être fiers de nous ! Sans compter tous les paysages et vallées magnifiques et variés abordés !

A Fribourg, le père Joseph nous accueille à la cure, on se douche et préparons un repas festif : grillades ! L’occasion de partager un moment chaleureux, simple et convivial après avoir lutté ensemble et s’être dépassés. 

Dernier moment de la journée mais pas des moindres : Vigile de Pentecôte à l’église Saint-Maurice à Fribourg, animée par le groupe ACT, pour fêter la venue du Saint Esprit ! Une magnifique conclusion pour cette super journée : nous qui sommes montés vers les sommets, c’est l’Esprit qui descend et vient à notre rencontre ! Que la miséricorde divine est grande ! Nos efforts humains sont bien peu de chose et ont peu de poids face à la Puissance et l’Amour du Père.

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